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Profession trader sportif

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Les traders en paris sportifs fixent les cotes et suivent les rencontres en direct.

Les traders en paris sportifs fixent les cotes et suivent les rencontres en direct.

Les mises de paris sportifs devraient décoller avec la Coupe du Monde de football. Les traders sportifs fixent les cotes. Mais qui sont-ils et comment font-ils ?

Depuis quelques jours, des hommes de l’ombre travaillent à plein régime pour proposer aux amateurs de football un large éventail de paris sportifs pendant le Mondial de football. Ils sont traders sportifs, aussi appelés coteurs. Cette profession méconnue du grand public est apparue à la fin du XIXe siècle sur les champs de courses hippiques anglo-saxons : le bookmaker établissait les probabilités de chaque cheval, acceptait les paris à la cote et les inscrivait dans un livre appelé betting book. L'activité s’est élargie à d'autres sports et le métier a fortement évolué.

Des cotes modifiées 500 fois par match

Les yeux rivés sur leurs écrans, les traders sportifs passent leurs journées à analyser différentes statistiques. Auteur du livre L’Indispensable des paris sportifs (Ed. Hugo), Julien Mirabel, qui a exercé cette profession de 2010 à 2014, résume ce travail en deux tâches essentielles : le mainbook et le livebetting. « Quelques jours avant les rencontres, on établit les cotes en évaluant les probabilités. On doit donc étudier l’historique des confrontations, la forme des équipes, le classement, les enjeux et beaucoup d’autres paramètres sportifs pour que la cote reflète au mieux la réalité », explique-t-il. Le trader doit par ailleurs analyser le risque de pertes pour sa société de paris ainsi que les cotes de la concurrence pour ne pas créer d’écarts trop importants sur le marché. L'ensemble constitue le mainbook. 

La seconde tâche, le livebetting, consiste à modifier en temps réels les différentes cotes proposées selon les aléas de la rencontre. Chaque événement pouvant modifier l’enjeu d’une rencontre a un impact sur les cotes, et le trader peut être amené à les modifier plus de 500 fois par match. « On est devant nos cinq écrans. On doit sans cesse anticiper chaque action, il faut être rigoureux, rapide, lucide, à l’aise avec les paris sportifs. C’est la partie la plus jouissive du travail. On voit les sommes des parieurs affluer, on est de l’autre coté de la barrière », dit Julien Mirabel. Les traders débutants ne peuvent pas commencer par ce livebetting, il faut effectuer des tests « à blanc » et s'exercer pendant plusieurs mois.

Des hommes férus de sport

Julien Mirabel, trader en paris sportifs à la Française des jeux de 2010 à 2014.

Julien Mirabel, trader en paris sportifs à la Française des jeux de 2010 à 2014.

Les traders sont tous de grands passionnés de sport. Et ils sont généralement jeunes, diplômés de cursus très divers. Titulaire d’un MBA de management du sport, Julien Mirabel a été recruté en 2010, lors de l’implantation de l’Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL) en France. « J’ai postulé pour l’un des huit postes que la Française des jeux (FDJ) proposait à l’époque. J’avais 26 ans. C’est le rêve quand on sort d’une école ».

Aujourd’hui, la FDJ compte 30 traders sportifs, tous basés en France, ce qui fait la particularité de ce leader du marché. « Tous opérateurs confondus, il doit y avoir une soixantaine de traders en France.  A l'étranger, les cas de figure sont très variables. Certains traders internationaux ont choisi de s'établir aux Bahamas, à Malte ou à Gibraltar », indique-t-il. Parmi tous les traders que Julien Mirabel a rencontrés, il n'a  jamais côtoyé de femmes, absentes pour le moment dans ce secteur professionnel.

Le métier fait rêver mais il est exigeant. Il est parfois mis dans la même catégorie que les traders financiers, mais les salaires des coteurs sportifs sont bien inférieurs, précise M. Mirabel.  La grande majorité des rencontres sportives se déroulent durant le week-end et les journées de travail sont longues. Pourquoi Julien Mirabel a-t-il quitté la profession ? « Au bout de quatre ou cinq années à un rythme éprouvant, j'avais l'impression de stagner intellectuellement", répond-il. Il s'est lancé dans l'écriture. Sur son expérience.

William Plummer (Monde Académie)

















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